Skip to main content

36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Curating and Preserving Olfactory Art and Heritage

Érika Wicky 1, Olivier David 2, Marjolijn Bol 3


1
Université Grenoble Alpes / LARHRA - Grenoble (France), 2Institut Lavoisier / Uvsq Paris Saclay - Paris (France), 3Utrecht University - Utrecht (Netherlands)

Sujet en anglais / Topic in english

Although invisible and intangible, smells emanate from matter and are themselves material. For this reason, they offer a singular perspective on the materiality of arts that traditionally address the sense of sight. At the crossroads of two approaches that emerged in the 1990’s - smell studies (Classen and Al., 1994) and technical art history (Wallert and al., 1995) - the olfactory approach to art and heritage has recently become internationally established in museums and academia. In addition to the recent emergence of contemporary olfactory art (Shiner, 2020 ; Barré, 2021), which offers an aesthetic experience based on the sense of smell (Jaquet, 2015), the smell of artefacts is increasingly taken into consideration (Classen, 2017), as it can provide information on their history (Castel, 2019) or on their state of conservation (Bembibre, 2020). If it has thus become common to consider perfume as art or odor as heritage the challenges related to the material specificity of odors, characterized by their ephemeral nature, remain mostly underexplored. This calls for new theoretical and methodological tools that are necessarily interdisciplinary and likely to renew the discipline of art history.

In particular, curating and preserving smells raises new challenges that this panel seek to explore through questions arising from concrete case studies related to early modern and modern periods (exhibitions, artworks, historical reconstructions, etc.): First of all, which smells are worth preserving, and according to which criteria should the contents of olfactory archives be selected? How do the different actors (curators, conservators, public, etc.) use their sense of smell and how can they be trained? How can we capture the smells of the current times and document smells for archival purposes, given that the use of formulas favored by the perfume industry has major limitations (such as the identification of raw materials)? How to adapt the tools of art history (description, illustration, etc.) to the new medium of olfaction and how to make olfactory descriptions/diagnoses provided by perfumers (noses) objective so that curators can benefit from them? How to archive the smells themselves and preserve the olfactory works of art? How to preserve olfactory historical reconstructions and to document a process that will become part of the history of olfactory culture? How to manage copyright issues since a perfume cannot be legally considered as a work of the mind and how to create an open archive? How to define olfactory authenticity and therefore evaluate the accuracy of reconstructions? How to implement historically accurate olfactory projects and how to communicate about the historical accuracy of the olfactory reconstructions? These are some of the questions arising from the blooming of smells in art and museums. This panel aims to stimulate interdisciplinary exchanges between researchers and actors in order to start answering these questions and to set up good practices regarding the curation and preservation of olfactory art and heritage.

Sujet de la session en français / Topic in french

Bien qu'invisibles et intangibles, les odeurs émanent de la matière et sont elles-mêmes matérielles. C'est pourquoi elles offrent une perspective singulière sur la matérialité des œuvres d’arts qui s'adressent traditionnellement au sens de la vue. Au croisement de deux approches apparues dans les années 1990 - les études sur l’olfaction (Classen et al., 1994) et l'histoire de l'art technique (Wallert et al., 1995) - l'approche olfactive de l'art et du patrimoine s’est récemment imposée internationalement dans les musées et les universités. Outre l'émergence récente de l'art olfactif contemporain (Shiner, 2020 ; Barré, 2021), qui propose une expérience esthétique fondée sur l’olfaction (Jaquet, 2015), l'odeur des artefacts est toujours plus prise en considération (Classen, 2017), car elle peut renseigner sur leur histoire (Castel, 2019) ou sur leur état de conservation (Bembibre, 2020). S'il est ainsi devenu courant de considérer que le parfum peut être un art ou qu’une odeur peut constituer un patrimoine (Odeuropa, H2020), les enjeux liés à la matérialité des odeurs, caractérisées par leur caractère éphémère, restent amplement sous-explorés. Cette lacune dans l’actualité de la recherche nécessite de forger de nouveaux outils théoriques et méthodologiques nécessairement interdisciplinaires et susceptibles de renouveler la discipline de l'histoire de l'art.

La conservation et la préservation des odeurs soulèvent de nouveaux défis que ce panel cherche à explorer à travers des questions issues d'études de cas concrets liés aux périodes moderne et contemporaine (expositions, œuvres d'art, reconstructions historiques, etc.) Tout d'abord, quelles odeurs ou parfums méritent d'être conservées et selon quels critères le contenu des archives olfactives doit-il être sélectionné ? Comment les différents acteur·trice·s (conservateur·trice·s, restaurateur·trice·s, public, etc.) utilisent-ils leur sens de l'odorat et comment peuvent-ils être formé·e·s ? Comment capter les odeurs de l'époque actuelle et les documenter à des fins d'archivage, sachant que l'utilisation des formules privilégiées par l'industrie du parfum présente des limites importantes (comme l'identification des matières premières) ? Comment adapter les outils de l'histoire de l'art (description, illustration, etc.) au nouveau médium de l'olfaction et comment objectiver les descriptions/diagnostics olfactifs fournis par les parfumeurs (nez) pour en faire bénéficier les conservateurs ? Comment archiver les odeurs elles-mêmes et préserver les œuvres d'art olfactives ? Comment préserver les reconstructions historiques olfactives et documenter leur élaboration, un processus qui fera partie de l'histoire de la culture olfactive? Comment gérer les questions de droits d'auteur, puisqu'un parfum ne peut être légalement considéré comme une œuvre de l'esprit, et comment créer des archives ouvertes ? Comment définir l'authenticité olfactive et donc évaluer l'exactitude des reconstitutions ? Comment mettre en œuvre des projets olfactifs historiquement exacts et comment communiquer sur l'exactitude historique des reconstructions olfactives ? Telles sont quelques-unes des questions soulevées par la floraison des odeurs dans les arts et les musées. Ce panel vise à stimuler les échanges interdisciplinaires entre les chercheurs et les acteurs afin d'entamer une réflexion sur l'utilisation des odeurs dans l'art et les musées.