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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Art and the Invisible / L'art et l'invisible

Taisuke Edamura1, Henri de Riedmatten2


1
J. F. Oberlin University - Tokyo (Japan), 2Université de Genève (Suisse / Switzerland)

Sujet en anglais / Topic in english

The limits of our seeing have continued to dissolve through unflagging technological development; we have striven to make visible what was formerly not and reveal its hidden wonder for centuries. While the idea of the primacy of vision might still lurk in our habitual seeing, artists have thrown out caveats as to its fruitlessness for decades, as surveyed in the 2012 exhibition at the Hayward Gallery in London. Invisible to us is not necessarily absent or empty. Rather, the invisible is filled with a richness obtained outside vision, be it perceptual or imaginative, the exhaustion of which has made possible a range of multi-sensorial and critical engagements with the world that surrounds us.

Yves Klein (1928-1962) freed the very essence of painting, or what he called sensibilité picturale, from the confines of the medium’s formal aspects, allowing visitors to his 1958 show at the Galerie Iris Clert in Paris to embrace its immaterial energy directly and with immediacy. More sinisterly, Mexican Teresa Margolles’ Air (2003) basks us in air humidified with water used to clean murdered bodies prior to autopsy. For the artist, no graphic pictures can be more powerful than the particulate traces of the dead to speak of the violence faced by the victims. The invisible also significantly enhances our senses. Chris Burden (1946-2015) tested this by making himself unseen from viewers during his durational performance piece White Light/White Heat (February 8-March 1, 1975) at the Ronald Feldman Gallery in New York. Provided with nothing worth looking at, they were forced to “experience the art through other means than mere looking, and conceptually to connect visibility to invisibility” (Stiles 2007).

Sujet en français / Topic in french

Les limites de notre vision ont continué à se dissoudre par un développement technologique indéfectible ; nous nous sommes efforcés de rendre visible ce qui ne l'était pas auparavant et de révéler ses merveilles cachées pendant des siècles. Si l'idée de la primauté de la vision peut encore se tapir dans nos habitudes visuelles, les artistes ont mis en garde contre sa stérilité pendant des décennies, comme l'a montré l'exposition de 2012 à la Hayward Gallery de Londres. Pour nous, l'invisible n'est pas nécessairement absent ou vide. Au contraire, l'invisible est plein d'une richesse obtenue en dehors de la vision, qu'elle soit perceptive ou imaginative, dont l'épuisement a rendu possible un éventail d'engagements multisensoriels et critiques avec le monde qui nous entoure.

Yves Klein (1928-1962) a libéré l'essence même de la peinture – ou ce qu'il appelait la sensibilité picturale – des limites des aspects formels du médium, permettant aux visiteurs de son exposition de 1958 à la Galerie Iris Clert à Paris d'embrasser son énergie immatérielle directement et avec immédiateté. Sur un mode plus sinistre, Air (2003) de la Mexicaine Teresa Margolles nous plonge dans un air humidifié par l'eau utilisée pour nettoyer les corps assassinés avant autopsie. Pour l'artiste, aucune image graphique ne peut être plus puissante que les traces particulaires des morts pour parler de la violence à laquelle les victimes ont été confrontées. L'invisible renforce également nos sens de manière significative. Chris Burden (1946-2015) l’a testé en se rendant invisible aux yeux des spectateurs lors de sa performance de longue durée White Light/White Heat (8 février-1er mars 1975) à la Ronald Feldman Gallery de New York. N'ayant rien d'intéressant à regarder, les spectateurs étaient contraints de « faire l'expérience de l'art par d'autres moyens que simplement regarder, et relier conceptuellement la visibilité à l'invisibilité » (Stiles 2007).