Skip to main content

36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Écriture et image. Labilité et résistance de la matière

Marie Laureillard 1, Laurence Danguy 2

1Université Lumière Lyon 2, Lyon (France), 2 Université de Lausanne, Lausanne (Suisse)

Sujet en anglais / Topic in english

Writing and images: The lability and the resistance of matter

“Craftsmanship first. Freedom appears as soon as the inflexible material order gives us support,” Alain recalled in Système des beaux-arts (1920). The creator always engages in a struggle with matter, whatever its nature, because matter possesses certain physical properties and, far from being inert, it has a life of its own. Perhaps the most striking passages in Eugène Delacroix’s diary are those in which the artist describes his struggle with matter as he was making the fresco Jacob’s struggle with the angel in the Church of Saint-Sulpice in Paris. Whether one is an artist, a theorist, a critic or a mere spectator, one cannot completely ignore the physical dimension of a picture. Anne-Marie Christin has also constantly reminded us of the importance of the medium of writing and images, as a way of emphasising the essential role of materiality. Like the French term “support” the term “material” is a leitmotif in her theoretical work, whereas she more sparingly uses the term “medium”, which has nevertheless imposed itself following the iconic turn of the 1990s. In the introductory section of L’invention de la figure, Anne-Marie Christin sums up her thinking as follows: “Iconic space is above all a site of random and multipolar paths, determined as much by the material – stone, paper, screen, etc. – of its medium as by the expressive needs specific to visual thought.” (p. 13)

In this panel proposed by the Centre d’Etude de l’Ecriture et de l’Image, particular attention will be paid to the process of creating images in relation to materiality and to the written word, whether it is incorporated into the work, or extrinsic to it, in the form of artists’ and theorists’ writings showing how the material may exhibit forms of lability or resistance: the wood engraver confronted with a medium that is by no means passive, the fresco artist battling with a wall, the engraver, or even the printer of periodicals and posters, the Harimaze- e prints in Japan where different printed motifs fill in a tear, the combinations of several printmaking techniques highlighting the differences in material, etc.

Sujet de la session en français / Topic in french

Écriture et image. Labilité et résistance de la matière

« Artisan d’abord. Dès que l’inflexible ordre matériel nous donne appui, alors la liberté se montre » rappelait Alain dans son Système des beaux-arts (1920). Le créateur engage toujours une lutte avec la matière, quelle qu’elle soit, car celle-ci possède certaines propriétés physiques, vit de sa vie propre et n’est en aucun cas inerte. Les passages les plus saisissants du Journal d’Eugène Delacroix sont peut-être ceux où l’artiste témoigne de sa lutte avec la matière lors de l’exécution de la fresque de La lutte de Jacob avec l’ange de l’Église Saint-Sulpice à Paris. Artiste, théoricien, critique ou simple spectateur, nul ne peut ignorer tout à fait la dimension physique de l’image. Anne-Marie Christin n’a eu, elle aussi, de cesse de rappeler l’importance du support de l’écriture et de l’image, manière de souligner le rôle essentiel de la matérialité. Tout comme le terme « support », celui de « matière » est un leitmotiv de son appareil théorique, où elle emploie plus chichement celui de « medium », qui s’est pourtant imposé à la suite de l’iconic turn des années 1990. Dans la partie introductive de L’invention de la figure, Anne-Marie Christin condense ainsi sa réflexion : « L’espace iconique est avant tout un lieu de parcours aléatoires et multipolaires, déterminés autant par la matière – pierre, papier, écran...– de son support que par les besoins d’expression propres à la pensée visuelle. » (L’invention de la figure, p. 13)

Dans ce panel proposé par le Centre d’Étude de l’Écriture et de l’image, on s’attachera tout particulièrement au processus de création de l’image dans la relation à la matérialité, en prenant appui sur l’écrit, que celui-ci soit incorporé dans l’œuvre, ou extrinsèque en prenant la forme d’écrits de théoriciens ou d’artistes montrant comment la matière peut apparaître labile ou leur résister. Le graveur sur bois face à un support qui n’est aucunement passif, le fresquiste qui livre une bataille contre un mur, le graveur, voire l’imprimeur des périodiques et des affiches, les estampes Harimaze-e au Japon où différents motifs imprimés viennent colmater une déchirure, les combinaisons de plusieurs techniques d’estampe mettant en valeur les différences de matériau, etc. : des études de cas illustreront de manière critique la notion de labilité et de résistance de la matière.