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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Junk Appropriation in Global Art Context

Déborah Laks 1, Clement Emeka Akpang 2

1Cnrs - Dijon (France), 2Ias/ceu - Budapest (Hungary)

Sujet en anglais / Topic in english

Discarded objects provide a bountiful resource for many artists, who deploy them as puissant artistic media and conceptual conduits for visual commentary (E. Mears). A complex semantic construction characterizes junk and used objects. They bring together several timeframes, collective and individual significations, blended and blurred within their fragmented materiality. The status of junk itself also complicates those layers of sense: the public's disgust and disdain towards used materials tend to render their semantic depth less legible. Their artifactuality is subject to associations broadly classified by contextual and cultural philosophies, aesthetic judgment, norms, and value systems (A. Danto and S. Vogel).

By implication, contextualism rather than universalism is central to deconstructing the content of artworks made from junk. However, the current discourses on found object and junk art are often narrow and problematic. Art history foregrounds the conceptual framework of junk appropriation to Euro-American twentieth-century avant-garde art, usually focusing on formal and aesthetic aspects or the process of creation with discarded or found materials. With contemporary environmental activism, a second narrative is gaining strength in the historiography, equally failing to grasp the complexity of junk's semantic and symbolic reality. These mainstream analyses reduce the contextual interpretation of waste and found object appropriation as secondary to what appears as unique and dominant narratives. Consequently, the multi-layered semantics of junk, its unique materiality, emotional echoes, and its specific, cultural, and context-oriented significations largely remain understated. However, recent initiatives (congress in Lyon, March 2022) which link junk art with problems of gender, politics, ethics, photography, and cinema history open new paths for researching junk and used materials in artistic expression.

Building on this momentum, this panel proposes to initiate an intercultural and interdisciplinary dialogue around waste and found object appropriation from the perspective of artists, art historians, critics, and gender and performance studies experts. The rationale is to open the topic to broader discussion from American, Asian, European, and African creative scenes and to ask the question of the existence of a common thread in the material itself and the diversity of contexts. The panel seeks to draw attention to divergent iconographies of junk and waste as unique, expressive modes in art and related disciplines with direct cultural and societal implications.

Sujet de la session en français / Topic in french

Matérialité et réalité symbolique. Interroger l’épaisseur contextuelle, la spécificité culturelle et l'interculturalité de l'appropriation du déchet dans l'art mondial.

Les objets mis au rebut constituent une ressource abondante pour de nombreux artistes, qui trouvent là de puissants médias artistiques (E. Mears). Les objets de rebut et les objets usagés sont caractérisés par une construction sémantique complexe. Ils rassemblent plusieurs temporalités, significations collectives et individuelles, qui se mélangent et s'estompent dans leur matérialité fragmentée. Le statut même du déchet complexifie ces couches de sens superposés : le dégoût et le mépris du public à l'égard des matériaux usagés tendent à rendre moins lisible leur profondeur sémantique. Leur construction – artefactualité – recouvre une multitude de réalités qui sont abordées via des jugements esthétiques, mais aussi des analyses philosophiques, contextuelles et culturelles. En eux, les normes et les systèmes de valeurs sont aussi travaillés et remis en jeu (A. Danto et S. Vogel).

Par conséquent, seule une approche contextuelle permet de démêler les superpositions sémantiques qui sous-tendent les œuvres d'art réalisées à partir de déchets. Cependant, le discours actuel sur l'objet trouvé et l'art du déchet est souvent étroit et problématique, se référant à un universalisme occidental qui laisse peu de place à la prise en compte des contextes spécifiques de production et de réception. Le cadre conceptuel généralement utilisé pour aborder l'appropriation de déchets se réfère à l'art d'avant-garde euro-américain du vingtième siècle, et se concentre généralement sur des aspects formels et esthétiques ou sur le processus de création avec des matériaux instables. Avec l'activisme environnemental contemporain, un second récit gagne en force dans l'historiographie, sans pour autant saisir la complexité de la réalité sémantique et symbolique du déchet. Ces analyses dominantes réduisent l'interprétation contextuelle des déchets et de l'appropriation d'objets trouvés à un rôle secondaire par rapport à ce qui apparaît comme des récits uniques et dominants. Par conséquent, l’épaisseur sémantique du déchet, sa matérialité unique, ses échos émotionnels et ses significations spécifiques, culturelles et contextuelles restent largement sous-estimés. Cependant, des initiatives récentes (colloque de Lyon, mars 2022) relient l'art du déchet à des problématiques de genre, de politique et d'éthique. L’histoire de la photographie et du cinéma ouvrent également de nouvelles voies pour la recherche sur le déchet et les matériaux usagés dans l'expression artistique.

A partir de cette dynamique, ce panel propose d'initier un dialogue interculturel et interdisciplinaire autour des déchets et de l'appropriation d'objets trouvés du point de vue des artistes, des historien.ne.s de l'art, des critiques et des expert.e.s en études de genre et de la performance. L'objectif est d'ouvrir le sujet à une discussion plus large sur les scènes créatives américaines, asiatiques, européennes et africaines et de poser la question de l'existence d'un fil conducteur dans le matériau lui-même et la diversité des contextes. Le panel cherche à attirer l'attention sur les iconographies divergentes du déchet et de la récupération en tant que modes d'expression uniques dans l'art et les disciplines connexes, avec des implications culturelles et sociétales directes.