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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Arts en marge, matières et matérialités / Arts from the fringes, material and materiality

Pauline Goutain 1, Marianne Jakobi 2, Valérie Rousseau 3

1/2Université Clermont Auvergne - Clermont-Ferrand (France), 3American Folk Art Museum, New-York (USA)

Sujet en anglais / Topic in english

The concept of Art Brut, coined during the summer of 1945 from the notion of “raw” material, aimed to challenge the materiality of art, good taste, and academic values. With an avant-garde perspective contemporaneous to Surrealism, Jean Dubuffet invented a new way of looking at art that shed light on the production of objects often marginalized in dominant art historical narratives due to systemic racism, sexism, and other forms of discrimination, by creators— often self-taught—working outside professional artistic networks, notably in rural, psychiatric, or prison contexts.

During the same time period, across the globe, other artist-collectors, intellectuals, and doctors paid attention to autodidacticism and artworks emerging outside the art mainstream. Globalization and the rise of digital technology gradually dissolved the Eurocentric contours outlined by Dubuffet’s initiatives. The notion of Art Brut has expanded exponentially to other continents: Africa, Asia, the Americas, Oceania. Art Brut has entered into dialogue with other historically related terms like Outsider Art, Self-Taught Art, Folk Art, Aboriginal Art, Visionary Art, and Vernacular Art, but also with the contemporary art world and the diverse collections of encyclopedic museums. The associated works, often created with unexpected materials (breadcrumbs, mashed potatoes, toothpaste, sand, textile fibers, saliva) and using original techniques, continue to challenge artistic categories and underrepresented areas of art history, exhibition frameworks, as well as conservation and restoration methods.

This session seeks to open new research perspectives through an academic and cultural heritage approach. The analysis of the material characteristics of these works — from the context of their creation to their sphere of reception — provides a novel understanding of these concepts that have become categories in the field of contemporary art. Our session reflects upon the current issues, not only looking at “paintings, drawings, statues” traditionally sought by the Compagnie de l’Art Brut, but at a variety of artistic mediums and multidisciplinary forms of expression.

The session “Art From The Fringes: Material and Materiality” proposes the following lines of inquiry:

  • Materiality, knowledge, and skills: What do materials, formats, and the state of conservation teach us about creative processes, the artist’s intention and knowledge? How are traditional skills tied to artistic innovations? How do artists from the aboriginal peoples of Canada and Australia reinvent ancestral practices?
  • Inscriptions on matter and writing on the materiality of the works: How is meaning constructed between the support, the inscription and the title? Which “myths” (Barthes) are made with regard to the materiality of works historically situated in the fringes? Which discourses according to which cultural areas?
  • Exhibiting and conserving works from the fringes: What museum practices and methods of conservation-restoration do these works require? How do artists envision the material presentation and conservation of their works? In what ways these works and artists’ display strategies invite us to rethink museum and cultural heritage practices?
  • Archiving materiality: How to envision, constitute, and preserve the archives of such creations? From which material or immaterial, archivable or non-archivable traces?

Sujet de la session en français / Topic in french

Apparu à l’été 1945, le concept d'Art Brut visait à remettre en question la matérialité de l'art, le goût et les valeurs académiques. Dans une perspective avant-gardiste contemporaine du Surréalisme, Jean Dubuffet inventait un nouveau regard qui éclairait la production d’objets faits en marge des réseaux de l’art officiel, par des créateurs – souvent autodidactes – œuvrant en dehors des circuits artistiques professionnels.

Au même moment, dans des zones géographiques différentes, d’autres artistes- collectionneurs, intellectuels et médecins s’intéressaient aux périphéries de l’art et à l’autodidaxie. Aujourd’hui, la globalisation et l’essor du numérique ont fait se dissoudre les contours européo-centrés tracés par Dubuffet. La notion d’Art Brut s’est exponentiellement élargie aux autres continents : Afrique, Asie, Amériques, Océanie. L’Art Brut dialogue avec d’autres appellations relevant historiquement des arts de la marge – Outsider Art, Self-Taught Art, Folk Art, Aboriginal Art, Visionary Art, Vernacular Art – mais aussi avec l’art contemporain et les collections plurielles de musées encyclopédiques. Les œuvres qui y sont associées, souvent réalisées avec des matériaux inattendus et mettant en œuvre des procédés originaux, continuent d'interroger la pratique artistique, les catégories et les périphéries de l’histoire de l’art, les dispositifs d’exposition, ainsi que les méthodes de conservation- restauration.

Cette session vise à ouvrir des perspectives de recherches nouvelles dans une double approche universitaire et patrimoniale. L’analyse des qualités matérielles de ces œuvres - de leur contexte de création à leur espace de réception - permet une nouvelle compréhension de ces concepts, devenus catégories dans le champ de l’art contemporain. Notre session intègre, non seulement les "peintures, dessins, sculptures" recherchées par la Compagnie de l'art brut en 1948, mais aussi des mediums artistiques actuels et des formes d’expression multidisciplinaires.

Notre session propose les pistes suivantes :

  • Matérialité, savoirs et savoir-faire: Que nous apprennent les matériaux, les formats, l’état de conservation sur les processus créateurs, les intentions de l’artiste, ses connaissances ? Comment des savoir-faire traditionnels s’articulent-ils avec des innovations personnelles ? Aujourd’hui, comment les artistes des peuples autochtones du Canada et d’Australie réinventent des pratiques ancestrales ?
  • Inscriptions sur la matière, écrire sur la matérialité des arts en marge : Comment se construit la relation de sens entre le support, l’inscription et l’intitulé ? Quels « mythes » (Barthes) se construisent autour de la matérialité des œuvres en marge ? Quels discours en fonction de quelles ères culturelles ?
  • Exposer et restaurer les œuvres en marge : Quelles pratiques muséographiques et méthodes de conservation-restauration, ces œuvres exigent-elles ? Comment les artistes en marge pensent-ils la présentation matérielle et la conservation de leurs œuvres ? En quoi les œuvres en marge et les dispositifs des artistes eux-mêmes invitent-ils à repenser les pratiques patrimoniales ?
  • Archiver la matérialité: Comment penser, constituer et préserver les archives des créations en marge ? A partir de quelles traces matérielles ou immatérielles, archivables ou inarchivables ?