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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

L'attention aux détails

Valentine Dubard 1, Tomoko Kawamura 2

1Mad - Paris (France), 2Yamaryo Art Conservsation Studio - Tokyo (Japan)

Sujet en anglais / Topic in english

What does attention to detail reveal to us?

From the West to Asia, from France to Japan, from one culture to another, conceptual projections and imaginaries develop that imitate, influence, and interpenetrate each other. They determine the place and status of those who create.

The strong influence of Japan in the field of art conservation, in particular in the field of graphic arts conservation, is not only due to the age-old Japanese techniques, tools and materials that Western conservators have massively adopted since the 1990s and thanks to which they have given a new direction to their profession. It is much more deeply and essentially linked to the conception of materiality rooted in Japanese culture. This has kept skills alive and maintained admiration for those who are able to practice them.

Repeating gestures, being precise, accompanying the material in its transformations, accepting the history of the objects, are all attitudes shared by art conservators of all specialties and all cultures. Indeed, they are in daily contact with the material. They know the importance of details: traces of manufacture and tools. They know how to distinguish structural signs from accidental ones. They anticipate treatments, they anticipate the evolution of the material, they observe, remember, and question themselves in order to take advantage of its reactions and play with its constraints in order to assume their role as passers-by and thus ensure the transmission of artefacts.

Like other professions, observation, the sensation of the hand, that of the body, listening to the sounds produced by gestures, confrontation with formats and difficulties of access are all criteria that guide conservators. Firstly, in the choice they make to intervene or not to intervene. Then, in the selection of conservation treatments and their application to the artefacts. What then is the place of materiality and what role does it play in these decisions? Are the experience of the material and the experience of the hand linked? And how do these experiences provide access to a broadened and renewed knowledge of artefacts? Can collaborations between different professions nourish these questions and enrich the points of view?

Sujet de la session en français / Topic in french

De l’Occident à l’Asie, de la France au Japon, d’une culture à une autre, se développent des projections conceptuelles et des imaginaires, qui s’influencent et s’interpénètrent. Ceux-ci déterminent la place et le statut de ceux qui créent.

La forte influence du Japon sur le domaine de la restauration des œuvres d’art, et en particulier des œuvres d’art graphiques, n’est pas seulement due aux techniques séculaires, aux outils et aux matériaux japonais que les restaurateurs occidentaux ont massivement adoptés depuis les années 1990 et par lesquels ils ont fait évoluer leur métier. Elle est bien plus profondément et essentiellement lié à la conception de la matérialité ancrée dans la culture japonaise. Celle-ci a permis de maintenir vivant des savoir-faire et d’entretenir une admiration pour ceux qui font.

Répéter les gestes, être dans la précision, accompagner la matière, accepter l’histoire des artefacts, sont autant d’attitudes partagées entre les restaurateurs d’œuvres d’art de toutes les spécialités et de toutes les cultures. En effet, ceux-ci sont quotidiennement aux prises avec la matière. Ils connaissent l’importance des détails : les traces de la fabrication et des outils. Ils savent distinguer les signes structurels des signes accidentels. Ils prévoient les traitements, ils anticipent les transformations de la matière, ils observent, se remémorent, s’interrogent pour tirer parti des réactions de celle-ci et jouer avec ses contraintes afin d’assumer leur rôle de passeur et d’assurer ainsi la transmission des artefacts.

Comme d’autres professions, l’observation, le ressenti de la main, celui du corps, l’écoute des sons produits par les gestes, la confrontation aux formats, aux difficultés d’accès sont autant de critères qui guident les restaurateurs. En premier lieu, dans le choix qu’ils font d’intervenir ou de ne pas intervenir. Ensuite, dans la sélection des traitements de restauration et de leur application sur les artefacts. Quelle est la place de la matérialité et quel rôle a-t-elle dans ces décisions ? Est-ce que l’expérience de la matière et l’expérience de la main sont liées ? Et en quoi, ces expériences permettent-elles d’accéder à une connaissance élargie et renouvelée des artefacts ? Est-ce que des collaborations entre différents métiers peuvent nourrir ces questionnements et enrichir les points de vue ?