Skip to main content

36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Recettes, secrets, lexique : les apports de la linguistique à la connaissance des savoir-faire artistiques

Julia Castiglione 1, Margherita Quaglino 2

1Sorbonne Nouvelle - Paris (France), 2Université De Turin - Turin (Italy)

Sujet en anglais / Topic in english

Stemming from a complex tradition of copying, reusing and assembling, recipe books are open texts, that collect ingredients and instructions of heterogeneous content and language. Testimonies of material culture and practices, these collections therefore require a multidisciplinary approach to be highlighted and valued, both from the point of view of texts and of knowledge of artistic practices.

The first Latin recipe books circulated in Europe from the 8th century: they were often disorganized compilations of technical processes from different fields (medicine, cosmetics, cooking, painting, alchemy). They could collect ancient technical knowledge (such as Vitruvius and Pliny) and update it by reporting on modern materials and techniques. They thus transmit a legacy of knowledge that reflects the cultural, social and economic system of medieval Europe.

At the same time, they constitute complex enigmas to decipher, because 1. the words are often the result of copying errors or lack concrete referents; 2. the difficulty of ascertaining the tradition of the text; 3. the processes are not always correctly described.

With regard to the circulation of texts, studies are multiplying on the subject of the wide space of the Middle East and Mediterranean Africa, but also on Roman and Germanic Europe (in particular England, France, Spain and Portugal), while the elaboration of the lexical repertoire, both in Italy and in the other European vernaculars, has not yet received much attention.

Beyond the recent undertakings of publishing recipe books, establishing glossaries or compiling sources in databases, this panel intends to specifically examine the contributions of linguistic research to the knowledge of materials and art techniques. By highlighting research on language and the lexicon of the arts in recipes, this panel aims to investigate the way in which technical knowledge, materials and their nomenclature circulate between the workshops.

Different levels can be taken in account to analyze these circulations: from urban artisanal transmissions, to global phenomena of spreading of materials terminology. The analysis of recipes lexicon thus makes it possible to identify transmissions of knowledge both from Antiquity to medieval and modern Europe, but also between the East and the West: the phenomena of translations and transfers from Latin and Arabic to European vernaculars allow to explore the itineraries of the words of materiality.

Sujet de la session en français / Topic in french

Issus d’une tradition complexe de copie, de réutilisation et d’assemblage, les livres de recettes sont des textes ouverts, qui agrègent des ingrédients et des instructions au contenu et au langage hétérogènes. Témoignages de la culture matérielle et des pratiques d’une époque, ces recueils nécessitent donc une approche pluridisciplinaire pour être mis en lumière et valorisés, tant du point de vue du texte que de l’apport à la connaissance des savoirs et des pratiques artistiques.

Les premiers livres de recettes en latin circulent en Europe à partir du VIIIe siècle, ce sont des compilations souvent désorganisées de procédés techniques de différents domaines (médecine, cosmétique, cuisine, peinture, alchimie). Ils peuvent recueillir les savoirs techniques antiques (tels que Vitruve et Pline) et ils les actualisent en rendant compte des matériaux et des techniques modernes. Ils transmettent ainsi un patrimoine de connaissances qui reflètent le système culturel, social et économique de l’Europe médiévale. Ils constituent en même temps des énigmes complexes à déchiffrer : d’un point de vue textuel, en raison de la difficulté de s’assurer de la tradition du texte ; d’un point de vue linguistique, parce que les mots sont souvent le résultat d’erreurs de copie ou sont dépourvus de référents concrets ; d’un point de vue artistique, parce que les procédés ne sont pas toujours correctement décrits.

En ce qui concerne la circulation des textes, les études se multiplient au sujet du vaste espace du Moyen-Orient et de l’Afrique méditerranéenne, mais aussi sur l’Europe romane et germanique (en particulier l’Angleterre, la France, l’Espagne et le Portugal), alors que l’élaboration du répertoire lexical, tant en Italie que dans les autres langues vernaculaires européennes, n’a encore fait l’objet que de peu d’attention.

Au-delà des récentes entreprises d’édition de livres de recettes, d’établissements de glossaires ou de compilation de sources dans des bases de données, ce panel entend interroger spécifiquement les apports de la recherche linguistique à la connaissance des matériaux et des techniques de l’art. En mettant en avant la recherche sur la langue et sur le lexique des arts dans les recettes, ce panel entend interroger la manière dont circulent les savoirs techniques, les matériaux et leur nomenclature entre les ateliers. Différentes échelles pourront être prises en compte pour analyser ces circulations : des transmissions artisanales urbaines, jusqu’à des phénomènes globaux de circulation de la terminologie des matériaux. L’analyse du lexique des recettes permet ainsi d’identifier des transmissions de savoirs à la fois de l’Antiquité à l’Europe médiévale et moderne, mais aussi entre l’Orient et l’Occident : les phénomènes de traductions et de transferts, du latin et de l’arabe vers les langues vernaculaires européennes permettent d’explorer les itinéraires des mots de la matérialité.