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36ème Congrès du CIHA - Lyon 2024

Parrainé par le Ministère de la Culture,
le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche,
le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Tools, Materials, Processes

Matthias Krüger 1 , Philippe Cordez 2, Lea Kuhn 3

1Ludwig-Maximilians-Universität - München (Germany), 2Musée du Louvre, Paris (France), Centre allemand d'histoire de l'art Paris - DFK  (Paris)

Sujet en anglais / Topic in english

Tools, Materials, Processes in the Age of Industrialization

Since the 18th century, there has been a distinction made, in encyclopaedias between tools (French “outils”, German “Werkzeuge”) and instruments. While instruments were usually defined as a means to perform intellectual work, tools are described as their counterpoint – as a means to perform physical labour. As such, they serve as the “the intermediary between the worker’s hand and the material used”, as a French dictionary from the late 19th century put it. The distinction between tool and instrument originated in the same strain of classical Western thought that prioritised idea over matter, theory over practice and art over craft – oppositions that were not only reflected in academic art theory from the Renaissance, but have also influenced the study of the history of art for a long time. Although art historical studies have dealt with the optical instruments which artists made use of, relatively little attention has been paid to the tools that painters, sculptors and other artists or craftsmen employed for the material production of works of art – with some notable recent exceptions.

The point of departure for this session is the observation that the use of a tool in the visual arts is usually not only based on practical, but also on programmatic, if not ideological reasons, and that toolmarks are charged with diverse economic, political, social, gender-specific, philosophical, or media-theoretical implications. First and foremost, however, the deployment of tools and techniques reveals specific attitudes to art and art making, but also to work and labour – implications that are, of course, subject to historical change.

The industrial revolution provided a range of new materials, which in turn required new working techniques and new tools – developments that also affected the artists’ toolboxes. At the same time the transition from hand production methods to machines led to devaluation of manual skills in the economic sector. Many artists and artisans, however, continued to work materials manually into the 20th century, when artists were often regarded as the “last craftsmen” and works of art as the “last handmade objects”. The session will analyse these developments – focussing on the period from the middle of the 18th to the middle of the 20th century. As the process of industrialisation took place on a global scale, as was demonstrated in the world fairs, the session invites papers dealing with the use of tools in different geographical and cultural settings. All kind of tools will be considered, whether new inventions, technical revivals, or eclectic creations. The session is based on the conviction that in order to study different historical and cultural notions of matter and materiality, attention must be paid to the tools. This may also include the conscious neglect of tools in favour of direct physical contact with materials, or the shift from tools to experimental systems - where matter interacts with matter.

Sujet de la session en français / Topic in french

Outils, matériaux et procédés

Depuis le XVIIIe siècle, les encyclopédies font la distinction entre les outils et les instruments. Tandis que les instruments étaient généralement définis comme un moyen d’accomplir un travail intellectuel, les outils étaient compris comme un moyen d’accomplir un travail physique. En tant que tels, ils servent d’« intermédiaire entre la main de l’ouvrier et la matière utilisée », comme le dit un dictionnaire français de la fin du XIXe siècle. La distinction entre outil et instrument trouve ses racines dans le même courant de la pensée occidentale classique qui privilégiait les idées par rapport à la matière, la théorie par rapport à la pratique et l’art par rapport à l’artisanat – des oppositions qui non seulement se sont reflétées dans la théorie de l’art académique depuis la Renaissance, mais qui ont également longtemps influencé les études d’histoire de l’art. Alors que la discipline s’est beaucoup intéressée aux instruments optiques utilisés par les artistes, relativement peu d’attention a été accordée aux outils utilisés par les artistes pour la production matérielle d’œuvres d’art – avec quelques exceptions récentes notables.

La session prévue se fonde sur la conviction que l’utilisation d’un certain outil dans les arts plastiques ne relève généralement pas seulement de raisons pratiques, mais également de motivations programmatiques, voire idéologiques, et que les marques d’outils sont chargées de diverses implications économiques, politiques, sociales, spécifiques au genre, philosophiques et médiatiques. Mais avant tout, le déploiement d'outils et de techniques révèle des attitudes spécifiques à l'égard de l'art et de la création artistique, mais aussi à l'égard du travail et de la main-d'œuvre - des implications qui sont, bien entendu, sujettes à des changements historiques.

La révolution industrielle a fourni une série de nouveaux matériaux, qui à leur tour ont nécessité de nouvelles techniques de travail et de nouveaux outils - des développements qui ont également affecté les boîtes à outils des artistes. Dans le même temps, le passage des méthodes de production manuelles aux machines a entraîné une dévalorisation des compétences manuelles dans le secteur économique. De nombreux artistes et artisans ont toutefois continué à travailler les matériaux manuellement jusqu'au XXe siècle, époque à laquelle les artistes étaient souvent considérés comme les « derniers artisans » et les œuvres d’art comme les « derniers objets faits à la main ». Cette session  analysera ces évolutions, en se concentrant sur la période allant du milieu du XVIIIe au milieu du XXe siècle. Étant donné que le processus d'industrialisation s’est déroulé à l’échelle mondiale, comme l’ont montré les expositions universelles, la session invite les auteurs à présenter des articles traitant de l’utilisation des outils dans différents contextes géographiques et culturels. Tous les types d'outils seront examinés, qu’il s’agisse de nouvelles inventions, de renouvellements techniques ou de créations éclectiques. La session repose sur la conviction que pour étudier les différentes notions historiques et culturelles de la matière et de la matérialité, il faut prêter attention aux outils.